Raphaël Thys est un futurologue belge qui intervient à ECS Bruxelles et qui donne des conférences auprès d’entreprises animées par la volonté de se préparer à l’imprévisible. Portrait d’un spécialiste optimiste qui conseille de miser sur les soft skills et de créer son métier.
Le « change management » pour préparer les organisations au futur
Avec l’agence The beyonders qu’il a cofondée, Raphaël Thys accompagne les grandes entreprises comme les banques, les institutions communales, régionales et fédérales à se poser les bonnes questions pour se préparer à l’imprévisible. « Le tsunami de 2004 dans l’océan Indien, personne ne l’avait prévu. Pourtant, le secteur de la fabrication des disques durs a été fortement mis en péril pendant deux ans : car deux des trois seules chaines de fabrication au monde ont été touchées par cet événement totalement imprévisible. S’y préparer leur aurait permis de ne pas prendre la crise de plein fouet, surtout que ce genre d’imprévus (incidents industriels ou climatiques, disruptions technologiques ou frictions géopolitiques) va tendre à se multiplier fortement durant les deux prochaines décennies. », explique-t-il. Pour les aider, le spécialiste réfléchi à des scénarios et les pousse à repenser leur business model de sorte qu’ils puissent s’adapter et ne pas baisser le rideau. « C’est ce qu’ont fait les nombreuses maisons de spiritueux en fabricant du gel hydroalcoolique pendant la Covid », illustre-t-il. La stratégie de « change management » de The beyonders s’établit en quatre étapes : imaginer le monde dans dix ou quinze ans, le rôle de l’entreprise dans ce futur imaginaire, comment elle peut créer de la valeur et quel est son objectif dans ce futur imaginaire et enfin, quel est son plan d’action stratégique, après quoi il ne lui restera plus qu’à passer à l’action. Spécialiste des grands comptes et des applications web transactionnelles et complexes, il a notamment accompagné BNP Paribas, Irisnet et Proximus sur ce sujet. Réelle prise de conscience, son activité « a explosé » pendant la pandémie.
Monter son média communautaire de vulgarisation
En parallèle, Raphaël Thys est le fondateur de Futur immédiat. Il s’agit d’un média de vulgarisation des concept importants pour réfléchir au futur créé il y a cinq ans avec l’objectif de « rassurer sur le futur ». Pour trouver cette idée, il est parti du constat qu’« un nombre important de personnes se sentent perdus face à la complexité du monde, ce qui crée de l’angoisse ». Pour les faire agir, il doit leur apporter de la connaissance et cette connaissance vient des conférences, vidéos, articles qu’il partage sur ce site internet. Également sur ce site internet, Raphaël Thys rend accessible une sorte de « deuxième cerveau » appelé « wiki », dans lequel il met des bases de connaissance et apporte des réflexions sur le futur. « Je veux aider les gens à gagner du temps en leur proposant d’accéder à des contenus que je n’ai trouvé qu’au bout de plusieurs années de recherches », détaille-t-il. Par ailleurs, Raphaël propose des contenus plus riches sur ces problématiques qui sont disponibles sur ses comptes Twitch, YouTube, Facebook et Twitter.
Créer son ilot de résilience
« Créer un quartier capable de s’autogérer » était le rêve du futurologue de 45 ans pour lequel il a choisi le slogan : « le style de nos grands-parents et la technologie de nos petits-enfants » Il vit depuis son enfance à Ransbeck, dans la province du Brabant wallon en Belgique, et souhaiterait y créer un ilot de résilience pour se préparer au futur. En partant de la pyramide de Maslow, Raphaël a imaginé plusieurs étapes pour réaliser ce projet qui nécessite l’aide de toute la communauté. Pour ce faire, il en parle à tous ses voisins depuis trois ans pour tenter de les convaincre de participer.
Certains ont déjà accepté d’investir dans 10 hectares de champs pour les cultiver en permaculture. Un réseau social local a aussi été créé pour analyser qui sont les plus engagés dans le quartier et donc les plus prêts à s’investir dans le projet ransbeck.be. Troisièmement, il semble nécessaire de créer une communauté énergétique locale permettant aux habitants d’acheter des ressources pour la communauté et de les rendre utilisables par tous. « Nous pourrions acheter des panneaux solaires que tout le monde utiliserait pour produire son électricité par exemple ». L’ambitieux a aussi pensé à créer un lieu pour fabriquer et réparer ses objets. Grâce à ce projet à long terme, le hameau de Ransbeck pourra subvenir en grande partie à ses besoins.
Transmettre pour engager
Raphaël Thys est aussi intervenant à ECS Bruxelles, entre autres, depuis cinq ans. Il y donne des cours sur l’ « histoire du futur » fondé sur l’idée que le monde change et qu’il le fait de plus en plus vite depuis la révolution industrielle. Son rôle est d’apporter des explications et apprendre comment observer ces changements, passer en revue les grandes étapes de la révolution industrielle et les comparer à la société d’aujourd’hui pour utiliser ces enseignements et préparer le futur. Aussi, il donne à ses étudiants les clés pour transformer nos modes de fonctionnement pour un futur meilleur en leur présentant différents concepts utiles pour le futur (l’économie circulaire, l’amour et la bienveillance d’autrui…).
Conseils aux étudiants
Il estime qu’en 2020, « les soft skills sont plus importantes que les hard skills » car nous avons besoin de personnes avec de grandes connaissances généralistes et horizontales. Raphaël conseille aussi de créer son propre métier, « pour avoir le plus de liberté et pouvoir faire quelque chose qu’on aime ». Selon lui, pour avoir un futur enthousiasmant, « il faut créer du sens et vouloir orienter le monde dans une bonne direction ».