L’équipe 1 du Stade Toulousain. ©Stade Toulousain
Parfois, faire de sa passion son métier est difficile. Manon et Fiona sont joueuses de haut niveau au Stade Toulousain mais savent qu’il faudra trouver un autre métier. Elles ont donc intégré l’ECS Toulouse pour s’assurer un deuxième parcours professionnel.
Manon Durand et Fiona Lecat jouent ensemble en équipe 1 au Stade Toulousain – le deuxième meilleur club français après le Montpellier Hérault Rugby. Fiona joue aussi au XV de France. Bien que leur avenir eût l’air d’être assuré, elles ont toutes les deux fait le choix de suivre une formation en parallèle, qui plus est, en alternance à l’ECS Toulouse. L’une est en 5ème année « Stratégie de communication » et l’autre en 4ème année « Relations Presse et communication événementielle ». Elles doivent jongler entre les études, les entraînements, les matchs et la vie privée. Deux mots d’ordre pour réussir : « l’organisation et la motivation ».
Le rugby, une passion familiale
Avec une mère joueuse en équipe de France et un père entraîneur, Manon ne pouvait que partager cette passion pour le rugby. Après le bac, elle se tourne vers une licence STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Une opportunité s’ouvre alors à elle. « Le Stade Toulousain me demande d’intégrer l’équipe 1, ce que j’ai tout de suite accepté ! » Tellement mordue par la discipline, quand l’originaire de Biscarosse (Landes) ne joue pas, elle regarde ses amies faire des mêlées. « Ce qui me motive le plus au rugby, c’est la performance, voir jusqu’où je peux aller. Ça m’encourage à me dépasser. »
Fiona, elle, s’est mise au rugby plus tôt. « Mon père jouait au rugby donc j’en ai fait dès l’âge de 5 ans. » Pendant longtemps elle a essayé différents sports, « toujours en continuant le rugby à côté » et pratiquait jusqu’à trois disciplines par semaine. Et bien sûr, au lycée elle a choisi le sport-études et a rejoint le Stade Toulousain dès ses 17 ans. « Le rugby m’a fait grandir et devenir la personne que je suis », reconnaît-elle. D’ailleurs, la jeune fille de 23 ans est complètement engagée dans la vie de son club. Elle vient d’être « contactée par le président du Stade Toulousain pour intégrer la responsabilité RSE au club » en travaillant sur « la place des femmes dans la société et dans le sport ». Elle organise des tables rondes avec des partenaires et met en place des actions avec des associations sportives.
Manon Durand (à gauche) et Fiona Lecat (à droite).
La nécessité de trouver un autre métier
« On fait toutes des études à côté car on se rend bien compte que le rugby de haut niveau ne peut pas être le métier grâce auquel on se nourrit », admet Manon qui veut quand même rester dans le domaine du sport. Comme au rugby, elle a créé des liens forts avec les autres étudiantes de sa promotion à l’ECS Toulouse. « Elles m’ont intégrée, fait avancer, fait grandir et m’ont expliqué ce que je ne comprenais pas car quand je suis arrivée, je n’y connaissais rien en communication ». Pour son alternance, Manon a choisi de travailler pour son club. Elle est en charge de l’animation des réseaux sociaux de l’association du Stade Toulousain. Elle s’occupe aussi de l’organisation d’événements pour « créer un lien entre les enfants de l’école de rugby et le Stade ». En parallèle, elle fait la communication interne du club : participation à la rédaction de la Gazette de l’Agora et création des newsletters notamment. Convaincue de vouloir travailler dans le domaine du sport, même si elle ne pourra pas continuer en tant que sportive, l’étudiante de 26 ans voudrait devenir chargée de communication. « C’est trop cool de mélanger l’événementiel et la communication au sport ».
Contrairement à son aînée, Fiona ne veut pas faire carrière dans le domaine. « Avec le sport, j’ai déjà eu l’opportunité de vivres des choses extraordinaires. Pour mes 30 ans, j’aspire à une vie de famille (impossible à avoir avec le rythme imposé par le sport de haut niveau, ndlr) et à avoir un travail. Je veux une vie en dehors du sport ! » Elle a donc volontairement décliné la proposition d’alternance du Stade Toulousain et s’est tournée vers une alternance au Casino Barrière, à Toulouse. Elle est, elle aussi, en charge de la communication sur les réseaux sociaux et de l’organisation d’événements pour tout le concept – comprenant deux restaurants, un bar de nuit et un casino.
Bien gérer son temps
Deux midis par semaine, les joueuses participent à une session de musculation et trois soirs par semaine, elles ont entraînement. Seul un week-end tous les mois leur est laissé libre. « On n’a rien sans rien », justifie Fiona quand elle décrit le rythme imposé par le club. « Le tout, c’est d’avoir la volonté et l’organisation ». Manon partage ce sentiment de fatigue mais se rassure en pensant que « c’est un rythme à prendre ». « Quand on a un objectif dans la vie, il faut tout mettre en place pour y arriver, même si ça implique de faire des concessions », termine-t-elle. Il ne leur reste plus qu’à profiter de leurs rares week-ends pour voir leurs familles et faire des choses pour elles.